Plates-formes multifonctionnelles

Objectifs spécifiques

- Appuyer la structuration des organisations féminines

- Aider au développement d’activités économiques gérées par les femmes

- Libérer du temps pour les femmes

Fiche technique

La première plate-forme a été implantée à DEMBELLA en 1994 (cofinancement ONUDI-FIDA), entièrement gérée par l’Association des Femmes de DEMBELLA, elle est toujours fonctionnelle et dégage un bénéfice annuel moyen d’environ 500 €.

Le moulin et la décortiqueuse

Cette machine permet de décortiquer les céréales puis de les moudre pour les transformer en brisure ou en farine. Il s’agit d’une amélioration très sensible pour les femmes, car le moulin remplace l’harassante corvée du pilon pour les 3 repas journaliers.

        

Presse à karité

Permet de presser les noix de karité, remplace également la corvée du pilon. Le karité est une importante source de revenu pour les femmes : elles peuvent le vendre sous forme de noix, mais la transformation en beurre de karité leur permet une importante plus-value.

 

Production d’énergie

La plate-forme a permis d’apporter l’électricité au village de 1994 à 2208. 119 ampoules installées dans les concessions 3 heures par soir. Chaque famille paye une redevance mensuelle à l’ampoule.

1994 - 2003 : Structure villageoise de fonctionnement (schéma 1)

A compter de 2006 : implication de la commune dans le fonctionnement (schéma 2)

2008 : nouvelle étude du réseau, devenu obsolète, et réflexion autour de l’énergie pourghère, mais aussi autour du solaire, car de nombreuses concessions sont désormais équipées de petits panneaux solaires (ampoule, télévision).

Fonctionnement de la plate-forme

Elle est gérée par l’association des femmes de Dembella, qui embauche deux meuniers pour faire tourner les machines et les entretenir, et deux « ticketteuses » pour gérer les recettes de la plate-forme.

La gestion se fait en direct, au tableau noir, puis elle est recopiée dans le cahier de la trésorière.

Le CIAGE peut ensuite effectuer un suivi de gestion grâce à l’interface informatique mise en place pour cette structure.

Sur le plan technique, la plate-forme fonctionne actuellement au gas-oil, mais elle peut également fonctionner à l’huile de pourghère (en cours, voir volet Recherche).

Certaines pièces mécaniques comme les courroies ou les pistons sont changés régulièrement, grâce aux recettes de la plate-forme, qui est autonome financièrement. Toutes les pièces de rechange sont disponibles à la ville la plus proche.

Actions d’accompagnement

Formations initiales et continues :
- Le comité de gestion
- 2 femmes gestionnaires (les ticketteuses : employées de la plate-forme, chargée de faire payer les clientes, en échange d'un ticket leurs donnant accès au services du moulin)
- 2 meuniers
- 1 mécanicien
Poursuite des formations au fur et à mesure de l’évolution, en particulier sur la gestion associative (bilan, AG, rôle du bureau, comptabilité et gestion des fonds, etc.)

Médiateur (femmes-hommes)

Sur ce projet, nous avons eu plusieurs tentatives de déstabilisation par les hommes, pour des raisons évidentes de pouvoir. Nous avons donc un rôle de médiation, indispensable sur la durée, qui porte peu à peu ses fruits : les hommes, comme les femmes d’ailleurs, commencent à admettre que les femmes puissent gérer elles-mêmes ce type d’activités. Pour cela, le rôle de Zandiougou SAMAKE, notre premier chef de projet, a été primordial.

Il existe encore des tentatives de déstabilisation ou de récupération politique, ce qui prouve l’intérêt de la plate-forme et la place qu’elle a prise dans le village, mais beaucoup de gens au village ont compris l’intérêt de ce type d’activité et ne veulent plus qu’elle soit remise en question.

Proposition de méthode et appui à la structuration

- Echanges permanent avec les femmes pour accompagner leur réflexion sur les activités économiques et la manière de les gérer, appui-conseil à la demande.

- Accompagnement des acteurs tout au long des projets, depuis la définition des besoins jusqu’au suivi des réalisations et à la mise en place d’une gestion durable. Cet accompagnement diminue au fur et à mesure de leur autonomisation.

Sensibilisation à l’aide de diaporama, mais surtout au jour le jour, sur site et au moment où les questions se posent.

Exemple : l’intérêt de la pourghère en circuit court / le schéma d’organisation pour la vente d’électricité, etc.

Suivi de gestion

- Mise à disposition d’outils, pour faciliter le suivi de gestion par les comités et la capacité à rendre compte des activités et des résultats (voir le volet CIAGE) :

En particulier, un important travail a été fait pour les aider à clarifier la gestion de la plate-forme : inscrire toutes les opérations financières, même celles qui ne concernent pas directement la plate-forme. Par exemple, l’achat de semences pour commencer le jardin collectif. Mais aussi les amener à dissocier la gestion de la plate-forme, avec ses propres dépense ses recettes, et la gestion de l’association des femmes dans son ensemble, afin de favoriser l’autonomie financière de la plate-forme.

En effet, les femmes ont également un système de tontine, avec cotisations des membres et octroi de prêts à celles qui ont des projets ou doivent faire face à des situations difficiles.

   

Spécificités des réalisations

Des outils adaptés et reproductibles

L’interface de gestion est entièrement conçues par des bénévoles, à partir des besoins du terrain. Le gestionnaire qui les utilise nous sollicite ensuite pour les améliorer.

Il s’agit donc d’une innovation, testée directement sur le terrain et complètement adaptée aux besoins de chaque type de structure :

Suivi de la comptabilité, de la trésorerie, synthèse du bilan financier, mais aussi des différents services proposés par la plate-forme.

Les contraintes du modèle informatique, notamment la rigueur dans l’entrée des données constituent en elles-mêmes une formation du trésorier, qui doit également tenir avec rigueur les informations comptables.

Gérer les conflits de pouvoir hommes-femmes

Il y a eu au démarrage, quelques difficultés inhérentes à ce genre de projet : les hommes ont eu du mal à accepter que la gestion de cette plate-forme soit du ressort des femmes. Finalement les choses se sont clarifiées, les 2 meuniers restent sous le contrôle direct de l’association des femmes, par contre, la commission de gestion de l’électricité est devenue indépendante, mais reverse à la plate-forme la totalité du montant des abonnements et des consommations.

Résultats

L’association des femmes de DEMBELLA a pris d’importantes responsabilités, de part la gestion, la mise en place et le suivi de la plate-forme multifonctionnelle, mais aussi des champs collectifs.
En outre, ce volet permet aux femmes d’être un élément moteur et incontournable du projet, car ce sont elles qui ont la maîtrise de l’énergie au village (mouture et électricité).
D’autre part, se trouvant de fait quelque peu libérées de tâches matérielles (pilage du grain), elles peuvent développer un artisanat utilitaire (notamment le soir à la veillée grâce aux 3 heures d’électrification journalières) ou participer aux réunions concernant la vie du village.

Le bilan de la plate-forme

Si le bilan est positif, tant sur le plan financier, que sur le plan de l’amélioration des conditions de la femme (moulin à grains surtout), il faut toutefois rester prudent car la faiblesse des bénéfices nets annuels pose quelque inquiétude pour la pérennisation de ce volet et surtout son extension. Même si la presse à karité a déjà permis de renforcer les bénéfices de la plate-forme.

Il faut donc, à terme, trouver d’autres débouchés : presse à pourghère provenant du plan de lutte anti-érosive du barrage, ou décortiqueuse à riz qui trouvera tout son sens économique lors de la réalisation de la plaine de "KOUREH" (aménagement hydro-agricole).

Un projet qui fait « tâche d’huile »

La plate-forme de Dembella a été un projet pionnier, à une époque où seules les villes offraient un service de moulin et de presse. Depuis, ce type d’investissement a fleuri dans la zone, à l’exemple de la plate-forme de Dembella :

A Konona, un village voisin, les femmes ont installé leur propre plate-forme, avec l’aide de la commune et sans l’intervention de l’ARCADE.

De nombreuses autres associations des femmes sont en train de s’organiser en structure officielle pour mettre en place des plates-formes multifonctionnelles.

A l’heure actuelle, tous les villages de plus de 1000 habitants ont au moins une plate-forme, souvent développé par un privé, et les décortiqueuses mobiles sont également de plus en plus nombreuses, démontrant là un véritable besoin et une activité rentable.

  

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